L’écosystème de l’intelligence artificielle (IA) est entré dans la vie de tous les jours. On y a rapidement vu les prémices d’une ère nouvelle où la technologie dépasse les capacités humaines. Une irruption qui a résonné pour les gouvernements comme un signal d’alarme face aux risques que fait peser cette technologie dont la perte de millions d’emplois.
Au cours de la prochaine décennie, l’IA continuera d’avoir une influence et un effet considérables sur les sociétés. Alors que ces avancées scientifiques et technologiques se succèdent à un rythme soutenu, les Etats estiment qu’il est essentiel de poursuivre et d’accélérer la conversation mondiale et inclusive sur leur développement et leur gouvernance. C’est dans ce contexte que les organisations mondiales dont l’Ocde, l’Unesco, l’ONU, l’UE…unissent leurs forces pour mener un travail collectif pour cerner des questions importantes et novatrices quant à la gouvernance de l’IA. Comment garantir l’inclusivité de l’intelligence artificielle et faire en sorte qu’elle n’aggrave pas les inégalités actuelles ou n’en créée pas de nouvelles? Cette question a trait à ce qui fait encore défaut à cette technologie en plein essor : un cadre de gouvernance globale.
«L’IA doit profiter à tous, y compris au tiers de l’humanité qui se trouve encore hors ligne », déclare le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors du sommet mondial « AI for Good » (IA pour le bien) organisé par l’Union internationale des télécommunications (UIT) à Genève. Ce sommet a examiné comment l’IA peut stimuler les progrès vers les Objectifs de développement durable (ODD), grâce à l’innovation, un partage plus rapide des connaissances, et la planification des risques.
De vastes potentiels
L’intelligence artificielle offre de vastes possibilités, jouant un rôle crucial dans le secteur de la santé, l’adaptation au climat, la conception de bâtiments plus économes en énergie, la surveillance de la déforestation, ou le calcul de l’empreinte environnementale des produits. Son apport peut s’avérer précieux dans les secteurs de l’aide humanitaire, de l’éducation et de l’agriculture. Comme toute technologie, l’IA est porteuse de promesses… mais aussi de risques.
Les risques posés par l’utilisation de l’IA
Les risques liés à l’intelligence artificielle ont trait à la désinformation, l’enracinement des préjugés, les discriminations, les atteintes à la vie privée, les fraudes et la violation des droits de l’homme. D’où la nécessité d’un cadre de gouvernance global. « Nous devons travailler ensemble pour une IA qui comble les divisions sociales, numériques et économiques, au lieu de les creuser », déclare le Secrétaire général de l’ONU. Il est à noter qu’en novembre 2021, l’Unesco a posé le premier cadre normatif pour l’éthique de l’IA, avec une proposition adoptée à l’unanimité par ses 193 Etats membres. Afin de renforcer ce cadre, le chef de l’ONU a lancé le 26 octobre 2023 un Comité consultatif de haut niveau des Nations Unies sur l’IA, composé de 39 experts du monde entier. Cet organe formulera des recommandations préliminaires à fin de l’année sur la gouvernance internationale de l’IA, la compréhension partagée des risques et des défis. Les principes de gouvernance en matière d’AI doivent être basés sur la Charte des Nations unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme, a précisé António Guterres lors du « AI Safety Summit » (Sommet de la sécurité de l’IA) à Londres le 2 novembre 2023. Autre enjeu de taille : l’importance d’un consensus sur la réglementation, pour guider le développement et la mise en œuvre d’une IA susceptible de bénéficier à l’ensemble de l’humanité. Les avancées de l’IA se sont accélérées ces dernières années. 2023 restera dans l’histoire comme une année « big bang » en la matière. Avec l’apparition de l’IA générative, l’intelligence artificielle s’est imposée dans la conscience collective, influençant les investissements et l’activité économique, suscitant une compétition géopolitique et transformant toutes sortes d’activités humaines, de l’éducation jusqu’à la santé, en passant par l’art. Chaque semaine apporte son lot de nouveautés stupéfiantes. L’IA est là pour rester et le changement s’accélère. Pour que l’IA atteigne son plein potentiel mondial, de nouvelles structures et de nouveaux garde-fous sont nécessaires pour gérer les risques que cette technologie présente aujourd’hui pour chaque Etat, chaque communauté et chaque individu, ainsi que pour les générations à venir, et permettre à tous de prospérer à la mesure de son évolution. En effet, un observatoire chargé d’évaluer l’impact sociétal de l’IA — qu’il s’agisse de la perturbation du marché du travail ou des menaces pour la sécurité nationale — permettrait aux dirigeants politiques de rester informés sur les changements majeurs que l’IA entraîne dans le monde réel. « La communauté internationale devra développer une capacité à s’autocontrôler, notamment en surveillant et en répondant aux incidents potentiellement déstabilisateurs (comme le font les grandes banques centrales face aux crises financières), ainsi qu’en facilitant l’imputabilité, voire certaines actions coercitives ».